top of page

Le livre

 

La préface en primeur !

 

« Juliette, tu sais qu’en ce moment un jeune homme se fait beau pour toi ? Â» Entre le repas à préparer et mes tables de multiplication à réciter, ma Queen Mum s’arrête et me répète cette phrase. Et moi, je vagabonde en esprit.

 

J’imagine cet homme en devenir que je ne connais pas encore, vivant à cent mètres de chez moi ou à l’autre bout de la Terre. Son existence n’a de sens qu’en préparation de notre rencontre. Je ne suis plus chez moi mais avec lui. Si c’est celui qui me comblera, il est hors de question de l’imaginer en enfant roi de Dolto ou avec de la morve qui lui sort du nez ! Tous les princes sont charmants, le mien sera extraordinaire !

 

Je suis convaincue que quelque part, un être d’exception se prépare (pas trop longtemps, quand même !) avant de débouler dans ma vie. De toute façon, je suis une princesse. Pour ma Queen Mum, je descends de Sissi. Mon visage carré et mes longs cheveux bruns, sans doute. L’objectivité de ses yeux de mère est discutable, mais j’y crois. Romy et moi, c’est pareil !

 

Parfois, on s’assied à une terrasse les jours d’été et on s’amuse à décrire les badauds en imaginant leur filiation. Tout est permis : acteurs, chanteurs, personnages de fiction, objets, animaux. Un trait physique, un détail ou une démarche… Je vis dans un monde insolite, entre le Capitaine Haddock (mon oncle), Jason Priestley (mon voisin … ou Brandon de Beverly Hills 90210, au choix !) et où ma libraire est issue du croisement entre Olive (la femme de Popeye) et un mérou.

 

Ma Queen Mum quant à elle, c’est facile. Tintin, elle ressemble à Tintin. Un physique dynamique et des cheveux courts et blonds. Elle a épousé trop tôt un Prince Consort pas fini, pas mûri et pas joli… Parti dès naissance à l’assaut d’autres jupons. Elle rêve donc d’un Roméo parfait pour moi, Juliette, sa princesse de fille.

 

C’est ainsi que j’aborde l’adolescence, seule avec ma Queen-Mum convaincue qu’un Roméo se fait beau quelque part, pour moi !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On continue??? Allez, je vous offre le début du premier chapitre, comme ça, vous aurez une idée plus précise du style ...et de la vie de Juliette.

 

 

 Adonis

 

Mois de juin, premier voyage scolaire dans un manège à chevaux. J’ai quatorze ans et me réjouis de ces quelques jours de liberté. Je vais découvrir l’équitation, les ballades dans les champs et les nuits en dortoir avec les copines. Sentiments d’évasion.

 

Mon sac est bouclé, j’ai vérifié trois fois la liste des fournitures à emporter. Essentiellement des vêtements fonctionnels, ça tombe bien je ne suis pas très poupée Barbie ! Et je suis excitée en attendant le départ en car. Ma Queen Mum me dépose devant l’école. Et moi, je monte dans ce bus que mes amis ont déjà bien rempli. Inquiète et impatiente de vivre un week-end loin du cocon familial.

 

Je ne le sais pas encore mais je roule vers mon premier baiser.

 

Dès notre arrivée, les chambres sont attribuées. Je partage la mienne avec trois amies proches. Certaines sont plus âgées que moi (car elles ont déjà approfondi une ou deux années scolaires …) mais on s’entend bien. Et puis je les écoute raconter leurs histoires amoureuses depuis plusieurs mois et je compte bien en profiter le soir. Je ne suis pas aussi expérimentée qu’elles.

 

Je n’ai encore jamais embrassé un garçon. Je sais comment on fait, bien sûr. Une copine dévouée m’a tout expliqué en détail : la pression des lèvres (pas trop forte), la langue qui doit tourner dans la bouche du jeune homme (mais pas trop vite) si possible dans le sens des aiguilles d’une montre (pourquoi ? je n’ai jamais eu la réponse), l’haleine qui doit être fraîche (toujours avoir des tic-tac à la menthe dans mon sac ! C’est mieux que les chewing-gums car on peut les avaler rapidement le moment venu…). Et surtout, l’indispensable inclinaison de la tête, sur la gauche de préférence et la fermeture des mes paupières … (ça non plus, je n’ai jamais su pourquoi !). Il reste encore l’essentiel : la jambe pin up. C’est la jambe droite (puisque la tête s’incline à gauche !) qui se plie légèrement vers l’arrière pendant que le galant vous embrasse. C’est un truc qu’on a vu dans un film et qui nous fait fantasmer. C’est le summum de la féminité durant un baiser.

 

Attention à bien conserver son équilibre. Sinon, on tombe avachie sur l’amoureux qui ne le sera plus très longtemps ! Le conseil que la copine m’a donné est donc de porter des chaussures plates (les premières fois) afin de conserver ma stabilité. Cela me procure également un second avantage non négligeable, je suis grande pour mon âge. Et la croissance des garçons n’étant pas toujours synchronisée avec la mienne, je reste d’une taille acceptable sans talon… Et surtout, pas plus grande que l’éventuel prétendant !

 

J’ai donc répété seule dans ma chambre. J’arrive à enchaîner (plus ou moins naturellement) toutes les étapes mais cela reste de la théorie pure. Je compte bien en apprendre encore plus durant ce séjour…afin de perfectionner ma technique !

 

Les consignes de sécurité sont expliquées par nos enseignants : ne jamais sortir du campement qui nous est réservé sans autorisation, ni après le couvre-feu, … Et les emplois du temps distribués. J’apprends que pour que tout le monde puisse s’essayer à l’équitation, les séances d’initiation se dérouleront en deux temps : d’abord des petits groupes (correspondant à nos chambres : chouette, chouette, chouette !) et ensuite des séances individuelles. Si tout se passe bien, une grande balade en pleine nature sera effectuée le lendemain avant le retour chez nous.

 

Ma première leçon en groupe a lieu l’après-midi même. J’ai à peine le temps de déposer mon sac dans la chambre qu’il est déjà l’heure de m’y rendre.

 

Je me dirige donc vers le manège, une bâtisse en bois de taille assez imposante. Les écuries jouxtent le bâtiment principal, lui-même divisé en deux parties. La piste couverte d’abord, où les entraînements auront lieu et une buvette à l’étage.  Comme nous ne sommes pas en avance, nous nous dirigeons directement vers la piste (avec beaucoup de regrets en ce qui me concerne, car je n’ai jamais fréquenté de buvette ! J'aimerais beaucoup savoir ce qu'il s'y passe...).

 

Plusieurs instructeurs sont présents pour nous apprendre le b.a.-ba de l’équitation. La plupart ont l’âge de nos parents ou enseignants, ce sont des professionnels du milieu. Mais un des leurs est malade et le fils du propriétaire a été réquisitionné pour le remplacer. Chaque instructeur choisit une élève et je me retrouve avec le jeune homme.

 

Arrêt sur image. Il doit avoir dix-sept ans (un grand quoi !). Il a les cheveux raides et bruns, jusqu’au dessus des oreilles. Ses yeux bleus me chavirent dès que je l’aperçois. Ce sosie de Léonardo DiCaprio au même âge est très sûr de lui et de son charme (et il a de quoi !).  Il n’a pas de barbe (trop jeune) mais ce n’est pas grave… Même sans cela, il est parfait !

 

Je suis donc très heureuse de voir mes copines le convoiter et surtout, de partager quelques heures avec cet instructeur si séduisant. Je sens déjà que je vais adorer l’équitation ! Je suis aussi timide que fan et m’approche sans un mot pour ce bel Adonis.

 

La séance commence. Chaque instructeur occupe une partie distincte de l’espace avec son élève. Le mien m’explique ce que je dois savoir,  tente de me mettre à l’aise et me montre les gestes à maîtriser. Je m’exécute, sans jamais le regarder dans les yeux. Dès qu’il a le regard tourné, je le détaille avec empressement mais très discrètement. Ma gorge est nouée, aucun son ne sort et mon cÅ“ur palpite tellement fort que j’ai l’impression que tout le manège l’entend !

La séance se passe bien. Je n’ai pas peur de l’animal (l’équidé, pas Adonis !) et même si c’est une première pour moi, je sens que je ne suis pas la plus niaise. Au moment de partir, mon instructeur me demande de l’aider à desseller les chevaux qui ont besoin de se détendre. Mes copines sont déjà sur le retour. Mais n’osant toujours pas répondre, je le suis docilement.

 

Il me montre comment faire et me désigne un cheval. Je reproduis les gestes qu’il m’a montrés (avec de si belles mains !) et lui donne la selle. Je m’approche d’un second équidé pour faire de même. Mais la boucle est très serrée et mes petites mains de princesse ne peuvent y arriver. J’effectue plusieurs tentatives mais impossible. Je vais devoir demander de l’aide de mon Adonis ou passer pour une incapable.

 

Adonis s’est déjà glissé à côté de moi. La boucle est constituée de deux parties côte à côte et il se place contre moi pour m’aider à libérer l’animal. La traction s’intensifie, mon cœur s’emballe, son bras est contre le mien… J’ai quatorze ans et mes hormones...

 

A suivre ....

bottom of page